Verticales idées - 2/3
Entre hiver et printemps, apparaissent à nu l'ossature des charpentes, l'organisation des ramures, la géométrie des embranchements, la course échevelée des rameaux jusqu'aux bourgeons terminaux avides de lumière. On peut s'essayer alors à distinguer du plus loin l'essence d'un arbre au dessin de sa silhouette.
L'observation approchée de l'écorce du tronc, des feuilles mortes et des enveloppes de fruits, parfois des graines disséminées à ses abords et occupées au travail de germination, viendront confirmer ou corriger l'hypothèse de départ.
Entre hiver et printemps, avant le grand vert, du plus profond des racines aux bourgeons élevés et impatients, monte la sève nourricière. Dans un lent processus continu, les écorces des jeunes rameaux les plus hauts qui coiffent l'arbre, prendront doucement volume et teinte discrets. Avec leurs échevellements d'écorces brunes, violettes, vert tendre, jaunes, orangées, rouges ou argentées, arbustes et arbres futurs feuillus débutent leur croissance annuelle.
Épris de lumière, ici, contre la verticalité rocheuse, les troncs s'étirent sérieux jusqu'au ciel. Les branches ne divaguent qu'à l'approche du sommet de la falaise, comme pressées d'émerger pour reprendre leur souffle à la surface du plateau.
Tête en l'air au pied de la roche, emporté par le vertige ligneux...,
... partir dans les songes oscillant au vent de la canopée.
© F6
avril 2019