Gare aux Grizzlis
DIJON, 10h52
Après le va-et-vient d'embarquement sur les quais, le CHU a pris sa vitesse ambulatoire de croisière quotidienne, calme et silencieuse, précisément orchestrée, médicalement efficace. Parfois, une embarcation légère frôle le navire, déposant rapidement un égaré. De temps à autre, l'hélicoptère vrombissant apporte au pont arrière une urgence extrême. L'après-midi, un regain d'animation colorée et contenue accoste aux heures de visites.
L'équipage vaque à ses multiples tâches automatisées sous un lourd couvercle triste, percé de puits de lumière en guise de ciel.
Dans l'énorme vaisseau médical, les carrefours des couloirs blafards sont peints d'à-plats de couleurs lettrées vives, marquant le pas des formalités administratives avant l'orientation. Dans les couloirs, croisent fauteuils et lits roulants des patients lents. Un éclat de rire incongru s'échappe d'une porte entrebâillée, friandise interdite, éclat de vie entre parenthèses.
Dans l'énorme vaisseau médical, chaque corps de métier porte sa teinte propre qu'on s'empresse de reconnaître et de retenir. Parfois, un sourire, un début de conversation trop vite interrompue, de menues attentions, une main chaude apaisent...
"C'est qui déjà cette couleur de blouse ?"
Les passagers du jour résignés, lourds de douleurs et d'interrogations, vêtus de détestables chemises sans manches, sans col, sans boutons et sans pudeur, patientent dans leurs cellules médicales sans télé, sans salle d'eau, sans fauteuil et sans gaieté..., juste un casier, une chaise et un wc. Ils reviennent là après l'examen ou l'opération, là où leurs affaires sont restées sous clé. Soulagés du plus gros de la journée, encore un peu "dans le coton" mais rhabillés dès que possible, ils attendent le verre d'eau, ils attendent le plateau, ils attendent des paroles rassurantes de "la bonne couleur".
Comme s'ils redoutaient la nuit et l'iceberg, impatients, ils attendent tous d'un capitaine en blanc que l'autorisation leur soit personnellement donnée de fuir le navire.
Un Comité apporte une collaboration culturelle à l'hospitalisation.
Il estime important "d'enrichir l'environnement pour mieux insérer le vécu hospitalier - celui des patients, des professionnels, des visiteurs et autres usagers - dans la continuité de la vie sociale et urbaine", omettant au demeurant qu'il existe encore ici-bas une vie rurale avec des gens, contraints de se rendre ici "en terre inconnue" quand il le faut vraiment, quand ils ne peuvent plus faire autrement. Peut-être bien plus que les urbains, ils auront rompu avec leur quotidien et pris leur courage à deux mains pour venir se perdre dans les plans du tram, rouler à contresens dans un parking très cher et qu'il faut bien payer quelque part, s'orienter dans le temple des soins pour arriver à la bonne heure dans le bon service, puis attendre... Ils apportent ici leur santé et leur espérance de vie dans un précieux dossier au cas où on ne l'aurait pas transmis, mais que peut-être on ne lira pas.
Alors,
dans les coursives paysagées au compas et au cordeau,
sous les haubans, les mâts, les vergues et les bômes,
on a jeté çà et là 24 plaques émaillées d'étranges slogans.
"De courts poèmes" dit-on...
Comme ça, quand tu vas te faire examiner les tréfonds, consolider la charpente, ou raccourcir de quelque canalisation minuscule..., tu n'oublies pas que :
"Dans le Codru, la dernière forêt primaire de Moldavie, on vénère de grands arbres centenaires, et un peu plus loin, au monastère de Curchi, des icônes".
Et quand tu ressors libre, tu es prévenu : ...
Gare aux Grizzlis !
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Gare aux Grizzlis, peut-être, mais alors, gare aux ministres,
aux présidents aussi !
INTERNATIONAL - Ce n'est pas cette nomination qui va rassurer les Démocrates. Betsy DeVos, milliardaire du Michigan, passait le 17 janvier devant une commission de sénateurs: charge à eux de juger si celle que Donald Trump a choisie pour le ministère de l'éducation est compétente pour cette charge.
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© Francis - Prise au vent
5 février 2017