Auxiliaires
Journée automnale en compagnie des auxiliaires de jardinage habituels.
Dès que j'entreprends de ramasser feuilles mortes et glands, de nettoyer sous les haies, le Rouge-gorge ne tarde pas à me rejoindre.
Où niche-t-il ? Je ne sais pas. Certainement à proximité bien caché, mieux protégé qu'il ne le serait en habitant au coeur du territoire des minettes.
Que fait-il de ses journées ? Il est probable qu'il aille de jardin en jardin selon l'agitation perçue, car il sait qu'il y a à gagner en côtoyant le jardinier au travail.
Observateur, le Rouge-gorge volette d'abord silencieusement de perchoir en perchoir comme s'il voulait cartographier ma zone de travail dégageant son aire de nourrissage. Puis, lançant des "pit-pit-pit" aigus qui pourraient passer pour de joyeux remerciements, il inspecte plus avant et picore les endroits grattés, remués, découverts, passant de l'un à l'autre au gré de ses récoltes aléatoires.
Petit à petit, Rouge-gorge s'enhardit jusqu'à approcher à moins de deux mètres. Confiant, mais toujours prêt à fuir, curieux, mon auxiliaire à plumes dévisage, inspecte sur mes talons chacun de mes outils, se rapproche de chaque tas de feuilles. Fureter dans la mousse fraîchement arrachée serait son activité favorite. Chassé par un geste trop brusque, il file à tire d'aile se percher sur la rive du toit voisin, en profite pour faire fuir un rival mais ne met jamais longtemps à revenir s'intéresser aux travaux de la terre.
Mon auxiliaire à poils, Mam'Yaou allias Croquette, est de toutes les séances de jardinage quelle que soit la saison. Moins assidue que Rouge-gorge, elle, est assurée de trouver pitance en sa gamelle.
Ce ne sont pas les travaux de la terre qui la passionnent, mais plutôt le grand air, la feuille qui vole, les marquages de chats vagabonds, intrus de la nuit, l'oiseau qui passe, le soleil qui chauffe, la flaque où laper, l'agitation étrange, distrayante, et surtout, surtout, les caresses que son jardinier préféré ne manque pas de lui prodiguer à chaque fois qu'une pause est nécessaire.
Croquette repue n'est pas particulièrement en quête de nourriture sauvage, mais là, tout de même, quel culot ce piaf bruyant et voyant au plastron couleur d'automne ! Juste pour montrer qui règne ici, sans l'âpreté combative et sans la cruauté sanguinaire dont elle est capable, elle esquissera un bond vain en direction du collègue à plumes toujours sur ses gardes et... plus vif.
Méfie-toi tout de même mignon petit Rouge-gorge, il est tout à fait possible qu'en d'autres circonstances, sans la médiation protectrice du jardinier, les relations inter-espèces ne te soient plus défavorables !
© F6
novembre 2017