Démontagnée (1/3) - comme du bétail ?
A BOURG-SAINT-MAURICE, ce samedi 22 octobre jour de marché habituel, est aussi le rendez-vous annuel de la "démontagnée gourmande".
Le moment est venu, avant les premières gelées et les premiers flocons en fond de vallée, de redescendre les troupeaux au plus proche de leurs étables, bergeries et stabulations. Ceci étant dit, de nos jours il s'agit plus de marquer les retours d'alpages par une fête mettant à l'honneur l'élevage traditionnel, le bétail, ses productions, les éleveurs, alpagistes et fromagers, que d'assister au passage d'une transhumance.
A l'opposé géographique des quelques rues occupées par le marché hebdomadaire habituel, sur le vaste parking entre gare SNCF et gare du funiculaire montant aux ARCS, ont été installés des stands de produits locaux, pressage de pommes, miels, pâtisseries, charcuteries, fromages, une estrade ainsi qu'un espace de restauration couvert. C'est entre ces deux points d'attraction, parking des gares et marché hebdomadaire, que défilent troupeaux accompagnés, fanfares savoyardes, lanceurs de drapeaux italiens voisins. Ils traversent la vieille ville, piétonnière à partir de l'esplanade de la mairie, jusqu'à l'église sur un trajet aller d'un bon kilomètre.
Les sabots des bovins, ovins, caprins et de quelques équidés moins nombreux, sont bien plus adaptés aux terres meubles et sentiers, qu'aux bitume et pavés glissants bordés par la foule massée ; cependant, pas de panique, pas de cavalcade effrénée, enfin..., très peu ! Les troupeaux sont suffisamment espacés pour rester rassemblés, sans bousculade ni confusion. Dans ce domaine, les moutons sont bien sûr champions, jusqu'à ce qu'un incident mystérieux et bénin sur le trajet ne scinde un flot dont la moitié arrière décide subitement de rebrousser chemin en masse ! Mais, chiens et bâtons sont là pour rattraper l'incident qui rentre dans l'ordre aussi rapidement qu'il s'est créé, sans aboiement ni hurlements, avec calme et détermination. Les vaches quant à elles, alors que les moutons ne font que suivre obstinément l'arrière-train de leur prédécesseur, s'accordent pour les plus détendues, les plus expérimentées ou les plus curieuses, le temps d'un peu de "lèche-vitrine" ou de "lèche-badaud". Inutile pourtant de penser jouer "les filles de l'air", chaque troupeau est bien précédé et talonné par ses gardiens vigilants ! Le troupeau de bovins le plus nombreux compte 150 têtes, soit pratiquement 10 fois moins que le suivant de 1300 brebis ! 1300 brebis, plus 4 ou 5 jeunes chiens Patous noyés dans la masse, juste un peu plus hauts et plus blancs, mais aussi disciplinés que leur nombreuse famille d'adoption, et complètement indifférents au public.
Le défilé des animaux dure pratiquement 2 heures, suivi de près par celui moins applaudi des voitures-balais, qui mettront autant de temps à asperger et souffler le pavé souillé.
Les touristes ayant pour la plupart "désestivé" depuis quelques semaines, le public est majoritairement constitué des familles, amis, et voisins ; de la population locale donc, et de retraités ayant loisir et plaisir à se fondre dans l'assistance.
Générations mêlées : les enfants, les jeunes qui, sitôt quitté le sein ou le biberon maternel ont tâté du pis, brassé de la paille et du foin, sont mis en avant et à l'honneur dans le défilé ; "l'exploitation en commun" également puisque la plupart des troupeaux sont issus de GAEC, affaires de familles et de générations. On comprendra, eu égard à l'engagement physique de l'année et de cette journée particulière, que les jeunes et la génération de "la force de l'âge", soit plus représentés sur le pavé que les anciens les plus âgés.
Sur le trottoir et sur la chaussée, on se connaît, on se reconnaît, on se retrouve après des mois d'alpage, on s'interpelle, on se salue joyeusement, fièrement, respectueusement. Pour l'occasion, certains ont ressorti les costumes d'antan et la différence essentielle avec autrefois ne tient plus qu'à la différence d'habillement entre "acteurs" et spectateurs de la démontagnée.
L'esprit et le sens de cette fête pourraient bien ne pas avoir changé au fil des décennies... !?
A l'issue du défilé, une fois les troupeaux reconduits et parqués, on se restaurera partout. Dans la structure temporaire de restauration et devant les stands de produits locaux, bien sûr on mangera, mais aussi aux terrasses et dans les salles des établissements habituellement bondés de touristes, accueillant aujourd'hui ceux d'ici mis à l'honneur.
Après tout un été passé à travailler en haut, aux Chapieux, à la Ville-des-Glaciers, à Plan Pichu, aux Cinq Lacs, sur le Dôme de Vaugelaz... on s'est revu dans les rues ce matin, on se retrouve voisins de tablées familiales, avec tant à se dire et s'apprendre !
Cet après-midi seront proclamés les résultats du concours du meilleur...
fromage ?
Non, non, non...
Du meilleur fourrage, car il existe des experts pour décider de ça !
Ce soir, on dansera,
et au printemps prochain, on "remontagnera"...
Ouvrez le ban !
De têtes...
... à queues !
Comme papa, maman,
comme pépé, mémé...
Meeeuuuhhh, c'est moi la cheffe !
Pfff, feraient mieux d'élire la plus belle...
vache !
Devant :
- Poussez pas !
... derrière :
- Alors, on avance !
Des blondes...
... des bouclées
... et des bouclées cornues.
O.C.B.S.M.
(Olympique Caprin Bourg-St-Maurice)
Qu'est-ce que t'attend pour avancer... ?
... tête de mule !
Fermez le ban, rangez les rubans.
BOURG-SAINT-MAURICE
octobre 2022
(PS - les 2 prochaines publications ne comporteront que des photos brièvement légendées pour certaines,
tout est dit ici, ou presque !)