Grand frais
Grand frais samedi entre Haut-Doubs et Jura.
Le vent du nord bourrasque. La neige s'accumule en bancs mouvants que les rafales déposent, assaillent, déplacent et finissent par épaissir. Autour du gîte, sur la terrasse, sous les fenêtres, sur les vitres, la neige monte. Le poële à bois tremble puis soupire de soulagement une fois la déferlante passée.
Sortir tout de même, vaincre la torpeur, oser pousser la porte, s'évader avant qu'il ne soit trop tard, avant de sombrer dans l'ennui.
Le paysage résiste. Comme ébroué, il écope ici pour combler là. Des rouleaux de poudre scintillante se ruent à l'assault du moindre obstacle, illuminent d'auras furieuses les rebords de toitures, bousculent les ramures de soieries lumineuses enragées.
S'éventer, s'éprouver, s'arcbouter ; le pas alourdi, avancer devient lutte. Des paquets de froid vicieux décèlent la moindre parcelle de peau cinglée, glacée, s'immiscent entre les couches de vêtements. Ne rien laisser paraître.
Sortir tout de même...,
... et puis revenir aussi.
© F6
décembre 2017