"Ophrys fidèle"
Fidèles au rendez-vous d'avril sont les Ophrys aranifera (Ophrys araignée).
Un an plus tard jour pour jour, elles m'attendent à nouveau sur la clairière sommitale des roches du Chatelet à BOUILLAND.
La pelouse calcaire sèche et ventée convient à cette espèce d'Orchidée sauvage, "de passage en fleur" deux ou trois semaines par an seulement. L'endroit, une presqu'île de falaises dans un océan forestier, est bien trop étroit et rocailleux pour être cultivé. Jouissant d'une bonne réputation locale ancienne, du classement récent en "zone Natura 2000" et d'une accessibilité relative, il est raisonnablement fréquenté par les familles, les promeneurs sportifs ou naturalistes en principe respectueux. La clairière offre aux petits Ophrys l'abri symbolique des vents dominants et des giboulées de début de printemps, derrière quelques buissons épineux.
C'est pour la ressemblance de son labelle* avec le corps ventru, estampillé de marques caractéristiques des Araignées, que certains les nomment ainsi.
* troisième pétale en forme de langue pendant vers l'avant, très différent des deux autres
D'autres les appelleront Ophrys sphegodes (Ophrys guêpe), considérant que dans la stratégie reproductrice essentielle de cet Ophrys, l'araignée n'est en rien concernée par la belle affaire. Toutefois, le nom attribué reste approximatif car ce n'est pas une Guêpe, mais une Abeille particulière charmée-dupée par l'aspect de notre petit Ophrys qui lui offrira la pseudo-copulation. L'Abeille ressortant de cet acte chargée du pollen de la petite plante coquine, on parle alors du "leurre sexuel" de l'Ophrys.
Ophrys aranifera comprend 10 sous-espèces, 13 pour Ophrys sphegodes dans un guide de référence réédité en 2012* ; soit suffisamment pour ne pas en vouloir à quiconque commettrait une erreur d'identification !
* Guide des orchidées de France, de Suisse et du Benelux - Pierre DELFORGE - delachaux et niestlé
Notre "Ophrys fidèle", bien que rayonnant de soleil et photographié à son avantage ici, reste une petite plante farouche à préserver à tout prix devant laquelle beaucoup de monde passe sans prêter attention. Répandue sur le territoire hexagonal, elle est quasiment absente de la façade ouest.
Un effort de sa part tout de même : on rencontrerait Ophrys aranifera ou sphegodes, araignée ou bien guêpe, en Bretagne, mais dans le seul tiers nord du Finistère.
Il y attend patiemment une nouvelle fidèle admiratrice !
© F6
26 avril 2017
Pour en voir et en savoir bien plus sur les Orchidées sauvages (avec une vidéo anglaise de pseudo-copulation inside), chez F6 "En balade, né au vent" :
Je suis encore à ma fenêtre, je regarde, et je m'interroge ? Maintenant je sais, je sais, je sais qu'on ne sait jamais..." Jean Lou DABADIE par la voix de Jean GABIN fixe à 60 ans l'âge d'une forme de sagesse un peu triste, comme une résignation acquise au cours des leçons et des revers de la vie.
http://f6mig.canalblog.com
L'intérêt pour la famille des Orchidées ne date bien évidemment pas d'aujourd'hui, ni même d'hier, il est vieux comme la médecine. Curieux de connaître l'origine du nom "Couillon commun" donné autrefois à l'Orchis mâle également appelé Satyrion, quelques recherches conduisent à des ouvrages datant de 1549 et 1615 citant largement les auteurs de l'Antiquité, incontournables en matière de botanique.
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Regroupée en petits "îlots familiaux" de 3 ou 4 sujets issus d'un même rhizome, cette espèce d'Orchidée fleurissait au bord du sentier du BISSE DE SAVIESE - TORRENT-NEUF dans sa partie forestière mi-ombragée à 1100 mètres d'altitude. Rencontre pour moi d'autant plus intéressante qu'elle est celle d'une nouvelle belle amie invitée dans le modeste album, et d'un nouveau genre d'Orchidée sauvage.
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